Aprés 'La demoiselle du métro', Meriem Guemache remet le couvert en offrant à ses lecteurs une nouvelle oeuvre. Il s'agit d'un roman dédié à Fadhma Aïth Mansour Amrouche (1882-1967).
C'est la première fois qu'un auteur algérien consacre une biographie romancée à l' écrivaine et poète kabyle. Une femme courageuse qui a dû affronter de grands malheurs tout au long de sa vie.
La vie de Fadhma Aïth Mansour Amrouche a été tourmentée. Sa venue au monde en 1882 a dressé contre elle une société impitoyable qui lui a fait prendre le chemin des orphelinats et de pensions chrétiennes de Kabylie. Tout au long de sa vie, elle a fait preuve de courage et de ténacité. En plus d’une enfance dévastée, elle a connu l’exil, la misère, le rejet et les deuils successifs. La mort lui a arraché cinq de ses fils. Ces épreuves douloureuses lui ont inspiré une poésie bouleversante.
Fadhma Aïth Mansour Amrouche a évolué entre deux cultures : kabyle et française. De sa mère, elle a hérité une pléiade de proverbes, berceuses, contes et chants kabyles. Un legs ancestral qu’elle a à son tour transmis à ses enfants, Jean El Mouhoub et Marguerite Taos Amrouche.
En août 1946, âgée de 54 ans et vivant en exil à Radés (Tunis), avec son mari Belkacem Antoine, elle décide d’écrire sa biographie, encouragée par Jean El Mouhoub, son fils. Elle y raconte son chemin de vie, sans tabou, y décrit les humiliations induites par sa naissance illégitime, sa conversion à la religion chrétienne, son combat pour s’imposer en tant que femme dans une société archaïque, impitoyable, conservatrice et machiste. Son mari s’étant opposé de son vivant à la publication de ce livre, le manuscrit est resté dans le tiroir.
Alitée en 1967 à l’hôpital de Saint-Brice-en Coglès, en Bretagne, Fadhma Aïth Mansour Amrouche est à l’article de la mort. Celle qui s’est toujours considérée comme une éternelle exilée, apprend, juste avant de mourir, que sa biographie intitulée « Histoire de ma vie » sera publiée aux Editions Maspero et qu’elle sera préfacée par Kateb Yacine.
« Histoire de ma vie » est publié à titre posthume en 1968 dans la collection « Domaine Maghrébin » des Editions François Maspero. Les préfaces sont de Vincent Monteil et Kateb Yacine. Dans l’introduction, le célèbre auteur de ‘Nedjma’ écrit : « Pour ma part, en signant cette introduction, j’ai tenu à être présent au grand évènement que constitue pour nous la parution d’un tel livre. Il s’agit d’un défi aux bouches cousues : c’est la première fois qu’une femme d’Algérie ose écrire ce qu’elle a vécu, sans fausse pudeur, et sans détour. Du plus profond de sa tombe d’exil, en terre bretonne, Fadhma semble nous dire « Algériennes, Algériens, témoignez pour vous-mêmes ! N’acceptez plus d’être des objets, prenez vous-mêmes la plume, avant qu’on se saisisse de votre propre drame, pour le tourner contre vous ! ».
Décédée le 9 juillet 1967, Fadhma Aïth Mansour repose dans un cimetière de la commune de Baillé, en Bretagne.
« Un jour tu comprendras » raconte dans un style romancé, le parcours de Fadhma Aïth Mansour Amrouche, poète et écrivaine kabyle.