On reste chez soi

Grande Poste – Place des Martyrs

Grande Poste – Place des Martyrs


Longeant la Grande Poste vers l’ouest et allant vers la rue Ben M’hidi (ex rue d’Isly), nous arrivons à la place « Emir Abdelkader » (anciennement place Bugeaud), construite aux abords de la Rue d’Isly et de l’extension du Faubourg Bab Azoun.
Parmi les lieux qui témoignent encore de la célébrité de cette place, nous citons le Novelty, café réputé des intellectuels comme Sartre, Camus, Simone de Beauvoir ou encore Kateb, Zinet. En face de ce café, nous trouvons le Milk bar non moins célèbre par les attentats qui s’y sont produits pendant la guerre de libération en 1957.
De l’autre côté de la place, se situe la Mairie d’Alger, autrefois «l’école indigène». En longeant la rue d’Isly vers le théâtre, on trouve le Bon Marché et les Galeries algériennes, anciennes Galeries de France construites selon une architecture néo-mauresque en 1912.
C’est également sur cette place que la librairie du Tiers Monde, qui avec la Maison des Livres sont les deux librairies les plus importantes de tout Alger, a installé ses quartiers. En tournant à gauche, nous pouvons emprunter le quartier de la rue Tanger, actuellement rue Chaïb non sans rappeler l’espace où se trouvaient l’hôtel d’Angleterre et la Société des Beaux Arts d’Alger, aujourd’hui transformée en parking.
La rue Tanger, histoire et mémoire :
En très peu de temps et parce qu’elle est parallèle à la rue d’Isly, la rue Tanger est devenue une rue importante du paysage culinaire et culturel de la ville. Dès les premières années de l’occupation, et lors de la percée du Faubourg Bab Azoun et la destruction d’un cimetière proche de l’ancienne Medina, la rue Tanger a vu le jour. Même si aujourd’hui l’état des lieux présente une vétusté palpable, cette rue reste une balade incontournable car elle joint le vieil Alger et l’Alger moderne.
LA MAISON DES LIVRES (1931- 2014)

La Maison des Livres (rue Ali Boumendjel)


affiche allégrement 86 ans au compteur. Tête haute et caractère revêche, elle est fière d’avoir résisté au vent des transformations. Ses consœurs n’ont pas eu la même chance. Désormais, elles affichent sur leur fronton des enseignes qui leur donnent de l’urticaire : Pizzeria, superette, fastfood... du négoce de la tête, elles sont passées à celui du ventre. La plus ancienne librairie-papeterie d’Alger a réussi à préserver son âme, bon an, mal an. Avec ses rayonnages, ses carrelages, ses plafonds en stucs, son mobilier vintage et ses couleurs noir et jaune, cet espace littéraire a des allures de musée. «En 1962, à l’indépendance de l’Algérie, mon père a racheté cette librairie aux frères Soubiron, les premiers propriétaires. Aujourd’hui encore, nous continuons à recevoir d’anciens pieds noirs qui habitaient le quartier à l’époque. Lorsqu’ils étaient mômes, c’est ici qu’ils venaient acheter livres et cahiers.» révèle Abdelhamid Ouastani, l’un des héritiers de la librairie.

En effet dès 1882, plusieurs imprimeries prendront place dans cette rue de même que des enseignes de célèbres revues encore en vogue aujourd’hui. C’est à travers la présence des restaurants typiques qui longent la rue qu’on peut sentir un mélange d’odeurs de plats comme le «Loubia», plat épicé au cumin, ou encore des sardines à l’escabèche. C’est précisément dans l’art de la pâtisserie que notre choix s’est porté sur une des plus anciennes pâtisseries de la rue Tanger «L’Algéroise» où Monsieur Oukoulou, le pâtissier du siècle travaille encore dans un espace aussi réduit que la rue elle-même. En face de «L’Algéroise» se trouve un marchand d’instruments de musique qui pratique son activité depuis une quarantaine d’années et qui fait la fierté de la rue Tanger !


Cette rue est également célèbre de par les personnalités qui l’ont sillonnée : de Gabin à Sartre en passant par Camus à Iguerbouchène, notre célèbre musicien trente qui y habitait.
Un quartier plein d'histoire...


En longeant la rue vers l’intersection avec la rue d’Isly, nous apercevons en contrebas, à droite l’église Saint-Augustin reconvertie en mosquée et plus loin la direction du Musée d’Art Moderne.
A droite de cette intersection, «la Maison des Livres» qui de tout temps, a accompagné les lycéens dans l’achat des livres et des cahiers. Juste à côté, un très bel immeuble à la porte sculptée et imposante intrigue par sa beauté ! Entrez et n’hésitez pas à jeter un œil sur ce qui reste de l’un des plus prestigieux immeubles haussmanniens d’Alger avec des sculptures en bronze, des escaliers en marbre et des boîtes aux lettres en bois ajouré décorant la cage d’escalier.
En allant vers le port par la rue Boumendjel (ex Dumont d’Urville) on arrive au Square Port Saïd. Dés 1840, cette rue est la liaison et le premier prolongement entre le vieil Alger et le faubourg Bab Azoun. Une rangée de ficus et de bel ombras, importés par le consul Sir John durant l’époque coloniale, semblent l’immortaliser à jamais. Sur la place Bresson ou le square Port Saïd, un magnifique théâtre de style renaissance repose aux abords de l’ancienne porte de Bab Azoun et de la muraille. Construit en 1853 par Chassériau et Ponsard, il est aujourd’hui baptisé du nom du célèbre auteur et dramaturge, Mahiedine Bachetarzi. Mitoyen au théâtre, le célèbre café du Tantonville qui a vu défiler tous les comédiens, intellectuels et artistes d’Alger. Non loin du tribunal qui est situé rue Aban Ramdane, (ex rue Ornano) ce fameux café est aujourd’hui un lieu de détente pour les avocats du barreau d’Alger.
Le square Port Saïd devait recevoir le palais impérial en 1860 mais à la chute du régime, celui-ci a été transformé en square et jardin bordé de ficus. A mentionner que le platane de Sidi Mansour, appelé aussi le platane de Barberousse, est mort de chagrin à la suite du transfert du mausolée de Sidi Mansour à Sidi Abderrahmane Bab Azoun est la porte de liaison entre la Medina et la campagne : porte aux ganaches féroces où les criminels étaient empalés à l’époque ottomane. La porte et la muraille de la ville disparaitront vers 1841 et la nouvelle enceinte de la ville s’ouvrit près du fort de Bab Azoun encore présent de nos jours.
La porte d’Isly à l’emplacement du boulevard

 

Khemisti, disparaitra en 1897.L’origine du nom «Bab Azoun» viendrait, soit du nom d’un prince de Mauritanie qui avait assiégé la ville, soit de la tribu des Benou Azzoun qui appartenait à la lignée des Zenatas. Rappelons qu’en 1844, lors de la destruction des vieux quartiers ottomans et entre la rue de Caftan et la rue Bab Azzoun, on a découvert les vestiges antiques de la ville d’Alger, connue sous le nom d’Icosium. En longeant la rue Bab Azoun vers la place des Martyrs, on remarquera les magnifiques arcades des immeubles chics coloniaux et cela surtout du côté pair où les personnes aisées flânaient devant les boutiques de luxe comme les bijouteries et les confiseries ou alors, ils venaient déguster un gâteau dans la célèbre Maison Fille au N° 2 et faire des achats dans le grand magasin au N°4. Le côté impair était réservé aux commerçants juifs et aux petites gens. La rue Bab Azoun-Bab El Oued est en fait l’ancien décumanus romain (l’axe Est-Ouest de la ville) et reste aujourd’hui l’artère la plus empruntée par les passants et les autres commerçants. En allant vers l’ouest nous sommes face à la porte de Bab el Oued, aujourd’hui disparue, et également le lycée Emir AbdelNader (ex Bugeaud) qui est situés juste sur la place des martyrs où il y a le grand chantier du métro. En tournant à gauche de la place Ben Badis (ex place du Soudan), on déambule aux côtés d’une population bigarrée et des étals de produits de toutes sortes faisant de cette place le poumon de la ville. A droite, vers la rue Hadj Omar on pourra apprécier les palais du vieil Alger encore présents parmi lesquels on peut citer : Dar Aziza bey, ancien archevêché d’Alger, construit en 1572 ;en face la fameuse mosquée Ketchaoua construite en 1612, transformée en église à l’époque coloniale et baptisée «église Sainte Philippe», et qui après l’indépendance est redevenue mosquée Dar Hassan Pacha ; ex-palais du gouverneur construit en 1794 et toujours en restauration ; Dar Ahmed entièrement restauré. En Arrivant vers l’ancien théâtre et en remontant quelques marches vers la rue Socgemah devenue Mohamed ANli, on rencontre un jeune artisan polisseur de cuivre, un métier en voie de disparition. Dans la rue Socgemah, il y a aussi le Musée des Arts et Traditions Populaires, ancien palais Khedaouedj el Amia construit en 1572 et devenue la première mairie sous l’occupation. En redescendant et en tournant à gauche, on a la possibilité de rencontrer un ancien de la casbah qui fait l’actualité. C’est un des membres d’El Gusto, troupe musicale reconstituée plus de 40 ans après s’être séparée. Artiste et décorateur sur bois, il est en plus un féru de musique algéroise. C’est sur un refrain de musique Chabbi et avec une pointe de nostalgie que nous terminons cette visite...

 

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